logo ufcCrise humanitaire en Ukraine : L’UFC-Que Choisir demande la baisse rapide des tarifs des frais de transfert d’argent


Alors que la Banque mondiale s’attend à une forte augmentation des transferts d’argent vers l’Ukraine, l’UFC-Que Choisir interpelle les établissements financiers et les pouvoirs publics sur la « cherté immorale » (1) de ces envois. Saluant la décision de quelques banques européennes de renoncer à percevoir ces frais, dont le coût total dépasse le montant de l’aide humanitaire européenne allouée à l’Ukraine, l’association appelle à une baisse rapide des tarifs.

 

900 millions d’euros de frais de transferts d’argent vers l’Ukraine en 2020

 

Depuis la crise en Ukraine, les consommateurs sont nombreux à venir en aide à ses ressortissants par des dons. C’est plus particulièrement le cas de ceux qui réalisent des transferts d’argent à leurs proches qui n’ont pas encore pu fuir la guerre ou qui souhaitent rester dans leur pays.

 

Alors qu’on attendrait que ces sommes profitent pleinement à ceux qui en ont le plus besoin, cet impératif ne sera pas respecté. Sur la seule année 2020, les frais de transfert d’argent vers l’Ukraine ont atteint plus de 900 millions d’euros (2), soit près de deux fois le montant de l’aide humanitaire annoncée par la Commission Européenne (3). En effet, pour un envoi de 180 euros de l’UE vers l’Ukraine (4), les banques et les sociétés de transfert d’argent prélèvent près de 11 euros, en moyenne.

 

En France, jusqu’à 24 % de frais pour un envoi vers l’Ukraine

 

L’UFC-Que Choisir estime que les transferts d’argent de France vers l’Ukraine ont rapporté environ 5 millions d’euros (5) aux établissements financiers dans l’Hexagone en 2020, avec des écarts de prix significatifs.

 

Parmi les différentes offres du marché, les frais de transferts bancaires sont de loin les plus chers. A 30 euros en moyenne (6), la disparité des tarifs, qui atteignent jusqu’au quart du montant envoyé au Crédit Agricole Pyrénées Gascogne (24 %), ne peut qu’interroger sur le niveau des marges pratiquées. Pire, par ce canal, des frais peuvent même être facturés au bénéficiaire même si près d’une banque sur deux permet à l’émetteur de les prendre à sa charge contre un supplément de 20 euros en moyenne.

 

Si les envois par le biais des sociétés de transfert d’argent restent beaucoup plus compétitifs puisqu’ils atteignent 5 euros en moyenne, la vigilance s’impose toutefois concernant les frais de change cachés, comme le montre le tableau suivant.

 

Parmi notre panel, seule Wise affiche clairement percevoir des frais. Or, sous couvert de proposer la gratuité de l’envoi, les autres sociétés de transfert ponctionnent des frais de change qui peuvent être très élevés. En conséquence, parmi ces dernières les tarifs varient du simple (2,60 euros chez PaySend) au triple (7,40 euros chez MoneyGram).

 

Seules quelques banques européennes ont annoncé un moratoire sur les frais de transfert

 

S’il est difficile d’attendre des consommateurs qu’ils soient pleinement en mesure de faire jouer la concurrence durant de pareils évènements, la question du maintien de ces tarifs prohibitifs doit être posée à l’échelle française et européenne alors que les transferts d’argent de l’UE vers l’Ukraine devraient atteindre au moins 12 milliards d’euros en 2022 (7).

 

En effet, sur la base d’une étude de la Banque mondiale, une baisse de 2 points de pourcentage des frais de transfert pourrait permettre aux Ukrainiens de bénéficier d’un complément d’aide de 350 millions d’euros cette année (8). A cet égard, s’il faut saluer l’initiative de quelques banques européennes (9) notamment la Banque postale depuis le 8 mars (10), qui ont annoncé un moratoire, on ne peut que regretter que cette démarche ne fassent pas encore des émules, notamment au sein des autres banques françaises.

 

En conséquence, l’UFC-Que Choisir demande que la présidence française du Conseil de l’Union Européenne se saisisse de l’enjeu des frais de transferts d’argent vers l’Ukraine pour qu’elle obtienne des établissements financiers a minima une baisse rapide des tarifs.

 

Parallèlement alors qu’elle a épinglé précédemment le secteur, l’association rappelle qu’elle met à la disposition de tous une liste de conseils pratiques pour aider les consommateurs à y voir plus clair sur ce marché nébuleux.